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Interviews d'Yvon Zill

Bonjour Yvon peut tu nous faire une petite présentation rapide svp.

Agé de 51 ans, j’ai passé 26 ans dans la marine nationale la plupart du temps loin de la France. En 2006, j’ai choisi de faire de ma passion pour la pêche à la mouche mon nouveau métier, complété par mon activité de consultant formateur en surveillance maritime et des pêches. Ayant la grande chance d’avoir une maison au pays Basque en pleine nature et très proche des rivières, je bénéficie d’un territoire de pêche idéal.

                                                                       

 

Tu es un des pionniers a t’être mis au Tenkara en France je crois ?

Je ne suis surement pas le premier à avoir utilisé une canne de Tenkara en France,

mais lors de mes débuts, en septembre 2010, il n’y avait absolument rien concernant

cette technique en langue française sur le web. La seule documentation disponible

(en anglais) venait du site de « Tenkara USA ». Pêcheur à la mouche depuis 1978, il ne

m’a pas fallu longtemps pour comprendre ce que le Tenkara pouvait m’apporter, en

particulier, la discrétion des posés, des présentations et dérives parfaites.J’ai donc

demandé à Daniel Galhardo l’autorisation de traduire en français des parties de son

site et de mettre cela en ligne sur la page Tenkara de mon site de guide

En octobre 2010, lors d’une réunion de moniteurs guides au pays Basque, j’ai fait à

mes collègues et connaissances une démonstration du matériel. Certains, comme

Jean Otazu, ont immédiatement compris le potentiel du Tenkara. D’ailleurs, Jean,

s’est rapidement lancé dans l’aventure du développement de « Tenkara Pyrénées ».

La fédération de pêche des Pyrénées atlantiques, à également compris l’intérêt du Tenkara et s’est positionnée comme pilote du Tenkara en France, proposant dès l’année suivante des animations et initiations. Ensuite, en février 2011, j’ai été à l’origine du premier article en langue française concernant le Tenkara, dans la revue « la pêche et les poissons »

 

Tu peux nous dire comment tu as découvert cette technique

En juillet 2010, alors que je guidais sur la grande Nive, un moucheur local est venu à notre rencontre. C’est sur le ton de la confidence, alors que mon client essayait de piquer des truites actives, qu’il me parla de cette technique venue des USA en déployant devant moi une canne « Ayu » de Tenkara USA. Des recherches sur le web ont fait le reste et je suis rapidement entré en contact avec le californien qui a popularisé le Tenkara en occident, Daniel Galhardo.

 

Décris-nous un peu ton matériel.

Depuis 2010, je possède quasiment toute les cannes de Tenkara USA, et j’ai participé aux tests des cannes de « Tenkara Pyrénées » dont je possède également toute la gamme.Ma canne préférée étant la TKP Expert, 3,65 m en 7:3, incroyable de légèreté, de précision et elle nous a permis de mater des arcs en ciel sauvages de 3 kg en environ 2 minutes. Pêchant avec ce matériel en France, je suis totalement en confiance et je ne crains aucune de nos truites. D’ailleurs en ce moment sur la chaine TV Seasons, un reportage (et au milieu coulent des légendes) montre la capture avec une Expert, d’une truite de 51 cm sur la Nives des Aldudes au pays Basque. Concernant les bas de ligne, ma préférence va aux tissés japonais ultra fins et denses que je graisse au Mucilin pour la pêche en sèche. Comme pour la mouche occidentale, j’utilise exclusivement des pointes dégressives en Maxima Chaméleon, jusqu’au 10/100ème. Ce n’est certes pas un nylon très marketing, mais je lui fais une confiance absolue depuis au moins 20 ans.

 

Quels sont tes montages et mouches préférées.

Je suis un peu effaré des quantités de mouches de Tenkara qui apparaissent sans cesse sur les différents forums, je ne crois pas que les mouches spécifiques japonaises soit les plus adaptées à la capture de nos truites. Il ne faut pas oublier que les poissons des torrents nippons, Ayu, Yamame, Amago, … sont des variétés d’arcs en ciel du bassin pacifique qui ne réagissent pas forcément comme nos farios.D’après mon expérience, et à l’instar des enseignements des maitres japonais, je ne suis pas pour la multiplication des modèles, une demi-douzaine de modèles en différentes tailles me suffit tout au long de la saison.Plutôt que de croire en la mouche magique, je privilégie toujours une parfaite première présentation suivie d’une dérive naturelle. Le maitre mot pour moi est l’observation et l’adaptation.

 

 

Tu es guide de pêche, parles nous un peu de ta région et de ses rivières.

Au pays basque où je possède une maison depuis 17 ans, je me considère comme particulièrement gâté au niveau de la pêche des salmonidés. Sur le bassin des Nives, nous avons la grande chance de pouvoir pêcher en sèche dès l’ouverture. Et ce, sur les différentes rivières, Nive de Béhérobie, des Aldudes, Nive d’Arnéguy, grande Nive, le Bastan, le Laurhibar, la Nivelle, et le rio Iraty. La région étant montagneuse, nous ne souffrons pas de l’agriculture intensive, ni de l’industrialisation. Même si parfois en été les niveaux des rivières sont bas, je n’ai jamais observé de mortalité de truites due à la sècheresse. De plus, presque tous les cours d’eau sont classés en gestion patrimoniale, et abritent en plus des truites, des saumons et des truites de mer.

 

 

Que penses-tu de l’évolution du Tenkara en France, et a-t ’il un avenir.

Je me réjouis surtout que par le biais du Tenkara qui se développe beaucoup, de nombreux pêcheurs aux appâts naturels se mettent à la mouche artificielle alors qu’ils pensaient cette technique trop compliquée. J’ai pu constater que les appâts naturels font beaucoup de dégâts aux juvéniles de truites et de saumons, et que c’est d’ailleurs pour cela que de nombreux pays les ont interdits pour pêcher les salmonidés.Les plus réfractaires au Tenkara sont les moucheurs de longue date qui snobent cette technique qu’ils considèrent comme un gadget et une mode éphémère. Je pense que ce sont les mêmes qui jaloux du long apprentissage par lequel ils ont dû passer, voient d’un mauvais œil le minimalisme et la simplicité du Tenkara. Je crois vraiment à l’avenir du Tenkara, c’est une entrée en matière et une complémentarité de la pêche à la mouche occidentale. Si cette technique, comme me le prouve mes nombreux clients satisfaits, arrive à donner ou redonner en toute simplicité, le goût de la pêche elle aura un surement un avenir prometteur

 

Que représente le Tenkara pour toi.

Quand je pêche au Tenkara, je me sens plus en contact, et en harmonie avec la rivière. La légèreté et le minimalisme de l’ensemble me permet d’oublier la technique pour me concentrer sur l’approche et la présentation de la mouche. Bien que possédant du matériel mouche occidentale haut de gamme, je ne l’utilise maintenant que pour atteindre des poissons vraiment hors d’atteinte. Les sensations que me procure la pratique du Tenkara, le contact si intime avec le poisson me sont devenu indispensables.

 

Tu as participé au 1er Sommet Européen sur le Tenkara en Norvège, peux- tu nous en dire plus.

Oui, et cette première convention de Tenkara en Europe, à l’initiative de Chris Hendricks, m’a permis de rencontrer différents acteurs de la technique en occident. J’ai surtout été intéressé par l’intervention de la japonaise Misako Ishimura (co-auteure du premier livre américain sur le Tenkara), elle nous a donné beaucoup de détails très instructifs sur l’histoire du Tenkara. Malheureusement, fin juillet en Norvège, c’est la période ou l’eau des rivières est la plus chaude. Donc, les très nombreux ombres de la Trysil river n’étaient vraiment pas très actifs. Cependant grâce à Chris, nous pêcherons des petits affluents à l’eau fraiche et incroyablement riches en petites truites et ombres

 

Aurais tu une anecdote à nous raconter.

L’année dernière, en Nouvelle Zélande, avec mon ami Guillaume Durand (moniteur guide de pêche dans le Verdon) et sous les yeux de mon complice de pêche Jean-Sébastien, Guillaume été mis en échec par une magnifique truite arc en ciel très visible en surface par grand soleil. Ce poisson visiblement en attente d’insectes dérivants refusera durant 45 minutes toutes les mouches présentées par Guillaume avec une canne et un moulinet. Je suggèrerai alors l’emploi du Tenkara avec une Aventure 400. A la seconde dérive, sous nos yeux incrédules, la truite goba franchement la grosse imitation de cigale lancée par Guillaume. Ayant filmé cet épisode, je vais bientôt monter une vidéo qui montrera comment l’usage du Tenkara (par des mains expertes) permet des dérives naturelles quand de nombreux courants parasites handicapent la pêche occidentale avec une soie.

 

Je remercie Yvon d’avoir eu la gentillesse de m'avoir  accordé cette interview

 

 

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